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Petruskayart
20 décembre 2012

BLABLABLA

 

Les amis aujourd'hui j'ai décidé de vous parler du site specific ou création « In Situ » (car apparemment c'est la formule française appropriée).
Pourquoi ?
Parce que ici dans les ¾ des conversations sur le théâtre ou l'art en général tournent autour de ce sujet, à base de : « I'm working now in a site specific perfomance », « I can not go to this party because I'm shooting/making light/scenographie/etc on a site specific event », «« I want to apply for the new site specific field in DAMU », « Fuck of I am so drunk and tomorow I have to go to this conference aboute site specific in Europe », etc.
DAMU = leur Cons à eux où tu peux choisir entre les filières théâtre, scéno, dramaturgie, mais aussi « Puppet and alternative theatre », « theorie and critiscim » et, à partir de l'année prochaine « site specific creation ». Ce qui veut dire qu'ici tu peux faire une formation en 4 ans, soldée d'un diplôme d'état, uniquement orientée sur la création dans des lieux non théâtraux. Je trouve que les tchèques sont vraiment trop founes (ou très bizarres).

Or dans le top 10 des compagnies tchèques travaillant sur le site specificen République tchèque nous avons...(suspense)...le 

1 (ca c'est le mur de la cuisine)

héhé...

Pavel (herr director) est en effet un homme dont le poil se hérisse quand on lui parle de théâtre (je parle du lieu). Et c'est très lié apparemment à son choix de travailler sur le théâtre physique. Je cite (et traduit) : « Le problème avec le théâtre tel qu'il est produit traditionnellement c'est qu'on cherche à tout prix à mener le public d'un point A à un point B, que ce soit au niveau du sens ou dans l'espace, il a à ce moment là tout le loisir de savoir exactement quand et ou cela commence et quand et ou cela fini. Je trouve ça plus excitant de n'être qu'un producteur d'impulses, quitte à prendre sur mon égo le fait que je perds le pouvoir sur ce que je produis. » (bon en gros hein, c'est pas comme si je prenais des notes quand on discute au petit déjeuner).

Ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant à ce moment là c'est cette question d'égo et de pouvoir. Parce que oui en enfermant les spectateurs dans un théâtre nous, horribles théâtreux que nous sommes, prenons le pouvoir sur leurs mouvements, leur parole (moi sur une scène, toi sur un fauteuil alors ta gueule et écoute) et, si c'est réussi, sur leurs émotions (bon après y'en a qui jouent avec le feu, souvenons nous de Purgatoire). Et en y repensant c'était peut être bien une des raisons qui m'ont donné envie de faire de la mise en scène : écoutez un peu ce que MOI JE veux dire sur le monde bordel de cul. Et après on pourra en débattre mais d'abord ECOUTEZ MOI JE.

En ce sens les attentats théâtraux et autres performances du genre sont intéressants car impliquent de se débarrasser de nos instincts égocentriques et tyranniques... (Donc je vous love love boum boum ++ les filles)

Bon pour en revenir à l'utilisation des lieux par le Continuo.

(en vrai ça leur arrive aussi de jouer dans des théâtres, il faut bien vivre)

 Ca se traduit en gros par ca:

1)On a un lieu et du matériau extérieur (cet été c'était Citadelle de Saint-Ex) et on voit ce qui dans ce matériau raisonne avec le lieu tel qu'il est (sensorielement, historiquement, esthétiquement, etc). Du coup par exemple cet été Pavel à été tenté d'interrompre le travail à 10 jours de la première pour repartir à 0 parce qu'il voulait orienter le spectacle sur 1 seule phrase du livre (qui est un pavé) qui parlait de bâteau parce qu'il s'était rendu compte le toit de l'usine ressemblait à une coque de bateau renversée...oui oui 

2)On monte une structure, qui peut être jouée n'importe ou mais qui change en fonction de l'espace. C'est le cas de NOW, que j'ai vu 2 fois, une fois dans un parc, une fois dans un bar et je peux vous dire que ça n'avait rien à voir

 

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20aa

Ca c'est NOW dans la rue

 3)on prend un lieu (par exemplee un train comme ça a été le cas il y a deux ans, ou une gare, comme le projet auquel j'ai participé en arrivant) et à partir de là on fait un spectacle/performance/évènement. C'est à dire que le sujet premier du spectacle est : on est dans ce lieu, vous aussi, maintenant qu'est-ce qu'il se passe ? Et ça c'est vachement intéressant mais pour peu que ton lieu soit un lieu public c'est vraiment compliqué mes aïeux. Parce que si ton travail se base sur le lieu, cela veut dire que tu travailles sur le lieu. Si le lieu est public par définition il y a du public. Tout le temps. Ca casse complètement la situation habituelle de répétition puis présentation puisque le travail en lui même devient spectacle aux yeux des passants. Et le « spectacle » (c'est à dire la date et l'heure écrites sur le programme du festival en l'occurence pour nous dans le cas de la performance dans a gare) devient le moment bizarre où des gens venus pour voir se mélangent aux gens qui voient mais sont venus pour prendre un train. Vous voyez le bordel? Dans le cas de City in Motion le résultat a été que le public du festival a vu des gens faire des choses bizarres (et plus ou moins intéressantes) alors que le public de la gare à eu l'opportunité pendant les 5 jours de création de voir des « passagers » agir de manière étrange et donc, éventuellement,de questionner leur rapport à cet espace, aux gens autour d'eux, etc. Pour moi le moment le plus fort a été celui ou après le 3ème jour de travail un sdf est venu me proposer sa bouteille de vin parce que ça faisait 3 jours qu'il me voyait traverser la rue et aller m'assoir par terre au même endroit pendant 5mn puis partir en courant et qu'il pensait donc que j'étais un pauvre être complètement perdu. Sauf que 30 secondes après qu'il ait commencé à me parler je suis partie en courant comme prévu dans mon parcours. Il a donc commencé à m'engueuler devant tout le monde (en anglais, je suis tombé sur un SDF international) en me disant qu'il fallait que je sorte de ma névrose qui m'imposait de refaire tous les jours les mêmes mouvements à la même heure, que c'était pas ça la vie et que j'aurai du au moins profiter de sa proposition pour boire une gorgée de vin ça m'aurait fait du bien. 

Augusto Boal (vous savez le mec du théâtre des opprimés) parle de "spect-acteur", en gros l'idée que les spectateur sont des créateurs associés, donc des acteurs, c'est bien représentatif. 

171aa

Ca c'est City in Motion pendant le "spectacle"

Bon je sais plus très bien où je voulais en venir donc je vais arrêter,  je peux vous envoyer les photos de la présentation que le Continuo a fait à la Conférence In Situ qu'il y a eu a Prague la semaine dernière et ou je ne suis pas allée parce que j'étais cuitée mais je regrette ça avait l'air vachement intéressant et en plus Martina m'a dit que y'avait des chouettes trucs à bouffer. Mon taux de représentation sur les photos des 2 derniers spectacles (c'est à dire ceux auxquels j'ai participé) est impressionnant mais je crois que je vous ai déjà parlé de ce problème...Remarque à force toute la République Tchèque va connaître ma gueule c'est plutôt pas mal.

Ah oui je voulais vous parler du réseau In Situ mais vous pouvez aller voir le site c'est aussi bien : http://www.in-situ.info/fr/ (ca c'est leur chartre : http://www.in-situ.info/media/public/pdf/charte_fr.pdf). Ils éditent une chouette revue qui s'appelle Jouer avec la Ville mais je sais pas où on peut se la procurer quand on a pas d'amis qui vont à leurs conférences.

Si ça vous intéresse vous pouvez aussi regarder ca : http://vimeo.com/55104287 . C'est la vidéo du festival d'octobre. Le mec qui danse en talon au début c'est Jaro Vinarsky, le danseur/chorégraphe avec qui Pavel a collaboré pour City in Motion. Je suis très amoureuse de lui, en plus Jaro ça veut dire printemps et c'est trop mignon, mais surtout il fait aussi partie de la compagnie française Dame de Pique et travail souvent en Belgique donc si vous avez l'opportunité de tomber amoureux de lui allez y. A 1mn17 vous avez Martin (en rouge), le moine chaolin de la compagnie qui boit pas fume pas fait du yoga, qui danse complètement bourré (oui je sais ce n'est drôle que pour moi). A 1mn40 vous avez Marek le radiateur qui fait des choses dans un train (comprendra qui pourra). A 1mn 58 et 3mn43 vous avez des extraits de NOW. A 2mn43 vous avez Pavel qui doit surement dire des trucs très intéressants.

Sinon pour ceux qui me demandaient j'ai enfin la vidéo de Citadela mais en version complète et c'est lourd (et en plus c'est vraiment pas très foune en vidéo je trouve) donc vous attendrez que le trailer soit enfin fait.

Et à toi qui a réussi a aller jusqu'au bout de cet article je dédie ce petit moment de jouissance scatologique : PROUT.


 

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Commentaires
A
Trop bien l histoire du clochard ! <br /> <br /> tout ca a lair fort de la bombe, cest bien parce que tu vas finir par me devenir un contact professionnel tout a fait interressant boubou
Petruskayart
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