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Petruskayart

7 octobre 2013

Les Maîtres fous

Coucou!

 

Une fois de plus, je ne sais pas comment poster une vidéo et la rendre lisible directement, mais ne nous drapons pas dans le romantisme du désespoir, qu'à cela ne tienne, vous pouvez bien faire un petit effort et cliquer sur :

 

http://www.dailymotion.com/video/xp9up_les-maitres-fou_creation

 

et vous m'en direz des nouvelles. On a maté ça en cours au conservatoire du 5e (petite info en passant), et je brûle de le partager avec le maximum de personnes alors vous, bien sûr, mes premières cibles!

 

des bisous des bisous des bisous

lulu

 

PS : quel plaisir, anoo, de devoir rentrer ton mot de passe pour poster quelque chose, chaque fois je vois ton petit air chafouin et rigolard se délecter de sa bonne petite blague. groscaca

 

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24 juin 2013

Encore un jeudi

Salut bande de gnous ! 

C’est foune de vous lire et ça résonne pas mal avec les questions que je me pose. Celle de la responsabilité par exemple, mot qui m’a toujours été cher en (ex ?)-sartrienne que je suis. Quand j’ai été dans la position de metteur en scène sur III, il me semblait très important que l’acteur soit responsable, conscient du fond de mon projet (ma nécessité /ce que j’ai besoin de faire et dire sur un plateau à un public) pour qu’il puisse concevoir son projet (c’est-à-dire utiliser mon projet pour faire et dire sur le plateau ses propres nécessités). Heu je sais pas si c’est compréhensible. Bref ce désir-là était mu par deux choses : 1, c’était trop dur de porter seule la responsabilité du spectacle, j’avais besoin de la partager ; 2, raisons politiques comme tu dis Mbalou (ni Dieu ni maître et le blabla), et comme tu dis Lucie la peur d’avoir des acteurs-serviteurs. Bien sûr ça n’a pas du tout marché. Maintenant je me dis que les nécessités de l’acteur sont d’un autre ordre de celles d’un metteur en scène. (J’essaie de  me concentrer mais mes coloc font pas mal de bruit quand ils font l’amour.) En fait je ne comprends pas ce qui peut bien pousser un comédien à monter sur un plateau mais je ne crois pas que ce soit de l’ordre du projet (quelque chose qui va vers), sûrement quelque chose de plus animal, d’absolu (je fantasme hein, je n’en sais rien), profondément ancré dans le kiffe de l’ici et maintenant. Trop lui demander de réfléchir son rôle dans une vision d’ensemble, c’est lui demander de surplomber le plateau, et pour cela monter en pensée ne serait-ce qu’au 2e rang du gradin. Bref boubou je m’accorde pas mal sur ce que tu développes. Et suis très curieuse de faire ce stage avec Pavel !

Une autre chose est que nous ne sommes pas Pavel, pas plus que Mnouchkine, bref nous ne sommes pas des êtres hyper-charismatiques et intelligents aux lèvres desquelles se pendent les comédiens que des indications sibyllines satisfont. Cette fameuse confiance, comment l’obtient-on ? si quelqu’un a la réponse, c’est ma tournée de triple karmelite ! (mais pour ça faut venir à Bruxelles, hein) J’attends de voir quel personnage est ce Pavel, mais il y a quand même la question du gourou qui traîne dans le coin, et ce n’est pas pour rien que Mnouchkine venait à ma pensée quelques lignes plus haut. Et là on se cogne à nos vieille idéologies politiques figées, et on ne sait plus trop, parce qu’on a envie de s’insurger et de crier au tyran (comme le fit, oh notre cher et tendre Martial Jacques), mais à la fois c’est fou comme ça marche une troupe de comédiens qui se fient aveuglément à un maître visionnaire.

Avec les attentats théâtraux, c’était l’occasion d’expérimenter un processus de création en accord avec mes principes politiques : l’autogestion, la responsabilité collective. Dans la maison où je vis et dans laquelle nous nous sommes rassemblés autour d’un projet de vie alternatif, c’est pareil. A savoir, je constate l’échec. Bon, je suis dure : je constate qu’il faut du temps (le temps c’est ma grande question du moment, mais je vous en ferai part plus tard).

C’est-à-dire que s’il n’y a personne pour te donner l’énergie et la motivation les jours de mou ou même tous les jours, tel est pour moi l’un des jobs fondamentaux du metteur en scène, eh bien il est très dur pour le comédien de donner de lui-même toute l’énergie dont il est capable : quand on dit que le metteur en scène porte le projet, c’est surtout l’énergie du groupe qu’il porte (d’où le budget anticernes que doit prévoir un metteur en scène coquet). Ou plutôt devrais-je parler en mon nom : quand j’ai des journées de 12h parce que je me suis engagée auprès des autres à accomplir tel et tel travail, je déploie une énergie et une force de travail considérable. Mais quand je suis engagée autant auprès des autres qu’auprès de moi-même, j’ai une demi-molle de désir scénique, j’attends le désir terrassant pour me plonger réellement dans le travail. Cela ne correspond pas franchement à mon utopie de l’acteur responsable de la création collective. Je constate ma profonde difficulté à être responsable de moi-même. Etre seulement comédienne est confortable parce que je ne suis pas responsable du projet*, être seulement metteur en scène est confortable parce que je suis responsable d’autrui (ces 2 vérités sont absolument fausses, je ne pense pas qu'on puisse parler de confort à ce sujet). Mais se gérer soi… c'est du sport de très haut niveau. Je ne sais pas trop si ma réflexion ici est théâtrale ou politique ; je ne développerai pas quant à notre projet de vie à la maison, mais c’est idem la même, très mollasson. Là où je parlais de temps : la création collective reposerait sur le désir (la nécessité interne) et non sur le devoir (nécessité externe), partant de là il faut attendre de désir pour faire*. Donc il faut du temps. Nous avons mis 4 mois avant d’installer le système de récupération d’eau de pluie ; mais nous avons fini par le faire.

La « méthode » que nous suivons pour notre attentat théâtral est la suivante : on discute, on fait par intuition un exercice, de là nous vient l’idée d’en faire un autre, et ainsi se tisse la création, sans aucune idée de là où nous allons, de ce que nous voulons atteindre. C’est assez grisant de se porter mutuellement, c’est comme le plaisir d’une vraie conversation entre amis où la pensée collective se construit et avance. Mais ça avance à pas de souris, parce qu’il n’y a que du présent, que du ici et maintenant, et pas de projet (la chose étant compliquée par le fait que le seul projet de l’attentat réside dans l’ici et maintenant d’un espace-temps déterminé que nous ne connaissons pas encore et que nous ne pouvons pas prévoir…). En fait je trouve cette méthode passionnante, mais je sens que 2 semaines de création ne pourront pas nous mener bien loin. Par exemple, c’est 7 mois après le lancement du projet attentat que nous avons choisi un texte.

Bref. C’était mes pensées du dimanche, à remettre dans leur contexte post-samedi donc. Je ne sais pas ce que je voulais dire, en tous cas j’arrive à la question du temps parce que forcément on revient à ses obsessions. Voilà. Dieu, faîtes que je sorte de mon rapport consumériste au temps pour espérer créer en collectif et pour créér tout court /mais le rapport avec la responsabilité, je ne sais plus. J'espère que vous avez compris quelque chose à mon BLABLABLA...

*Après on peut se demander (la question se pose aussi sur le plan sexuel :) subit-on ou construit-on le désir ? pour que l’artiste soit un travailleur, ne doit-il pas apprendre à construire son désir/aptitude au travail/inspiration ? Auquel cas la connaissance des ressorts de son désir lui permettrait d'appuyer sur les bons boutons et d'accéder à une efficacité qui pourrait remplacer l'efficacité du désir externe (celui apporté par le metteur en scène) ... ?

(Et pendant ce temps, mes coloc baisent toujours.)

photoGilgamesh

et une photo de Gilgamesh, sujet de notre attentat. Jolie barbe, non ?

 

20 juin 2013

Comme un jeudi suivant

Ceci est une reponse au commentaire de lulu sur comme un jeudi , j ai commence a l ecrire et puis je me suis rendue compte que j en faisais des tartines donc que ca pouvait rentrer dans la categorie article.

Globalement je pense qu on est assez d accord (ou plutot : toutes les deux en train de batir notre reflexion donc pas tres claires, donc ouvrant toutes les portes et acceptant ce qu on trouve derriere meme/surtout quand c est contradictioire)

Mais quand meme je crois que je n ai pas reussi exactement a exprimer ma pensee peut etre justement parce qu elle n est pas exactement claire en moi...

Evidemment toute cette reflexion est liee a la forme de theatre que nous pratiquons (et plus qu une particularite du theatre physique, que je ne connais pas en dehors de l experience du Continuo, je dirais que c est une particularite du theatre de Pavel). Comme je te le disais la derniere fois, Pavel parle de faire du theatre adresse a la partie droit du cerveau, la partie du sensible, de l impression, de l intuition, par opposition a la partie gauche, celle de la logique, de l analyse (je ne sais pas a quel point cela se justifie scientifiquement mais on peut le garder en tant qu idee). De ce fait les acteurs sont invites a travailler en utilisant plus cet hemisphere. Et pour eviter l analyse de l eau dans laquelle tu baignes rien de mieux que de ne pas savoir ou tu te baigne, tu n as a ce moment la rien d autre auquel te raccrocher que tes sens (c est chaud/froid/sale/mouvant/etc) ou ton intuition. Les moments benis de ce travail sont toujours pour moi ceux ou, apres avoir montre a quelqu un les fruits de tes recherches (basees donc sur l intuition, le ressentit, accompagnes generalement de quelques principes : materiaux, limite de temps, espace...), celui-ci TE raconte l histoire que TU racontes. Car quand ca marche il ne te raconte pas l histoire qu IL s est raconte mais bien celle que tu racontes sans pourtant te l etre verbalise (et donc sans l avoir PENSE, petite connection avec ton article). Le moment de verbalisation par l autre est absolument kiffant parce qu il te donne la sensation absolu du partage ou de la transmission ("il a compris mieux et avant moi ce que je voulais dire")
Le trajet qui se fait est donc : ton impression --> celle du public (pendant le travail : metteur en scene, collegues) --> la comprehension du public --> ta comprehension. Le public a une longueure d avance. Pour moi ce processus n'est possible que si toi, en tant que comedien, ne t adresse et ne travaille que sur une dimension (celle de l hemisphere droit). En travaillant simultanement  sur les 2 hemispheres (grossierement : en apportant un rendu sensible et en tentant dans le meme temps d y donner/montrer une explication logique (ou une histoire) tu brouilles les pistes : le cerveau du public ne sait plus a quel cote on s adresse, ne peut donc pas se detendre et accepter l impulse. De toutes les manieres tu ne peux pas echapper au fait que chaque sensibilite est differente, qu il y a donc la possibilite de differentes interpretations, et que plaquer la tienne est extremement reducteur. Mais etonnament, bien qu'elles prennent une grande variete de forme, il n arrive qu assez rarement que les interpretations soient foncierement differentes.

Bon ca fait une bien longue disserte sans arriver au point dont je voulais parler : je n ai pas vraiment la sensation que ce processus cree un acteur "serviteur". Au contraire c est un acteur createur, a l origine meme de tout le processus ( qui apres consistera pour le metteur en scne a couper, afiner, choregraphie, esthetiser, inclure dans le processus general, etc). L impulse initiale n appartient qu a moi et qu a ma sensation, et elle n est qu a moi que parce qu elle est dissociee du reste (le spectacle, la forme finale) qui lui appartient au metteur en scne qui en prend toute la responsabilite.

(ouf, je retombe sur mes pattes)

Encore une fois cela appartient a une forme precise mais je pense que l idee de la responsabilite, elle, est plus generale. Elle ne veut pas dire que l acteur n a pas a se sentir concerne par la forme finale (comment ne pas?) mais il n a pas a se sentir responsable, et sur cela est fondee la confiance a accorder au metteur en scene. (de ce fait, et je l avais deja ressentis avec le projet de Genes 01 que je voulais pourtant aussi collectif que possible il est tres mauvais pour un metteur en scene de communiquer son stress, son indecision ou meme sa perte totale, car a ce moment la pour equilibrer l acteur (pour peux qu il soit un minimum impliqué) a tendance a se sentir plus responsable , donc moins confiant, donc plus stresse, donc moins disponible a creer. Un boulot de chien mes amis, un boulot de chien). Il est possible de partager beaucoup de chose, sans doutes dans certains cas ou formes d expliquer presque tout. Mais quelque soit le cas de figure ou la forme de theatre tu ne pourras pas echapper je pense au fait que de temps en temps tu as des "intuitions" (je te verrais bien dire ce monologue debout sur un pied sur cette table en mangeant du poulet, par exemple) qu il te sera probablement impossible de justifier ou d expliquer avant que le comedien ne l ai essaye pleinement sans chercher a y mettre sa propre analyse (pourquoi du poulet? du jambon me semblerai beaucoup plus logique), que tu pourras peut etre justifier apres coup (ce qui m est souvent arrive dans Genes) mais peut etre pas, tout en concervant la certitude que c est la bonne maniere de faire et en demandant donc au comedien une confiance absolue au dela de son entendement et de son idee parce que justement l idee (et son potentiel echec) c est TA responsabilite.

Du coup pour essayer d aller plus loin en ce moment je reflexionne pas mal autour de la thematique de " oui mais quand il n y a personne pour prendre la responsabilite et que tu es tout seul tu fais comment pour etre libre et decontracte du gland?". Je commence a collecter un certain nombre de principes de travail que j essaierai bien d eriger en systeme lors d une potentielle-future creation personnelle (pas forcement un solo mais disons sans grande figure du metteur en scene). Le syteme comme cadre preetablis pourrais donc d une certaine maniere (et seulement a un moment donne du travail cela va sans dire) prendre la place du metteur en scene et me (nous. mes futurs compagnons et moi) laisser libres de creer dedans. Mais tout cela reste vraiment theorique.
(pour donner une idee du genre de systeme (ou emploi du temps) ce serait des combinaisons preetablies du genre : 1h et un objet/materiau/espace pour creer une scene, 1 journee et un morceau de musique pour une image, un temps illimite et une phrase, un passage de texte, 2metres carres et une demi journee, etc. Ce genre de delire. Moi je trouve ca foune)

bon j ai l impression d ecrire de facons hyper dogmatique mais vous meme vous savez c est juste parce que j ai la flemme des "il me semble-peut etre-on peut considerer-mareflexionaujourd'huijeudi20juin2013enestla/etc"

Smouch

Mb

18 juin 2013

Florilège hétéroclite et thématique peinant à former pensée

salut les copains

 

Depuis un petit temps, je m'interroge pas mal sur le langage, l'utilisation, la manipulation qu'on peut en faire, la souillure qu'on peut lui imprimer, la création de nouveaux mots pour de nouvelles idées, son implication quant à la création d'une pensée, son influence sur les idées qui peuvent nous venir et réciproquement l'influence de nos idées sur sa construction etc... 

 

Tout ça est venu quand une de mes anciennes profs m'a fait découvrir Celan (écrivain juif ayant survécu à la Shoah pour ceux qui ne connaissent pas). Je vous redonne directement une partie de son mail : 

 

"il écrit en langue allemande, comme le dit Blanchot "à travers laquelle (cette langue) la mort vint sur lui, sur ses proches, sur les millions de Juifs et de non-Juifs, évènement sans réponse".

>  

> A ce sujet Celan dit: Accessible, proche et non perdue, restait, au milieu de tout ce qu'il avait fallu perdre, cette seule chose: la langue. Elle, la langue, restait non perdue, oui, en dépit de tout. Mais il lui fallut alors passer par ses propres absences de réponse, passer par un terrible mutisme, passer par les mille épaisses ténèbres d'une parole meurtrière. Elle est passée sans se donner de mots pour ce qui avait eu lieu. Mais elle passa par ce lieu de l'Evénement. Passa et put à nouveau revenir au jour, enrichie de tout cela. C'est dans ce langage que, durant ces années et les années d'après, j'ai essayé d'écrire des poèmes: pour parler, pour m'orienter et apprendre où je me trouvais et où il me fallait aller pour que quelque réalité s'ébauchât pour moi. C'était, nous le voyons, évènement, mouvement, cheminement, c'était l'essai pour gagner une direction.

 

Après elle me donnait un poème de Celan (plus tard elle me disait qu'elle trouvait que, d'une certaine manière, ce poème parlait aussi de l'acteur) : 

 

 

 

Parle, toi aussi,

> > parle le dernier à parler,

> > dis ton dire.

> > 

> > 

> > Parle - 

> > Cependant ne sépare pas du Oui le Non.

> > Donne à ta parole aussi le sens:

> > lui donnant l'ombre.

> > 

> > 

> > Donne-lui assez d'ombre,

> > donne-lui autant d'ombre

> > qu'autour de toi tu en sais répandue entre

> > Minuit Midi Minuit

> > 

> > 

> > Regarde tout autour:

> > vois comme cela devient vivant à la ronde -

> > Dans la mort! Vivant!

> > Dit vrai, qui parle d'ombre.

> > 

> > 

> > Vois comme se rétrécit le lieu où tu te tiens:

> > Où veux-tu aller à présent, toi en défaut d'ombre, où aller?

> > Monte. En tâtonnant, monte.

> > Plus mince, plus méconnaissable, plus fin!

> > C'est ce que tu deviens, plus fin: un fil, 

> > le long duquel elle veut descendre, l'étoile:

> > pour en bas nager, tout en bas,

> > là où elle se voit

> > scintiller: dans le mouvement de houle 

> > des mots qui toujours vont.

 

 

Après, j'ai lu ça dans un autre livre qu'elle m'a prêté (oui, c'est une femme formidable) : Le Dernier à Parler (un essai poétique de Maurice Blanchot sur Celan, et en particulier sur le poème que vous venez de lire) : 

 

Ce blanc, ces arrêts, ces silences ne st pas des pauses ou des intervalles permettant la respiration de la lecture, mais appartiennent à la même rigueur, celle qui n'autorise que peu de relâchement, une rigueur non verbale qui ne serait pas destinée à porter sens, comme si le vide était moins un manque qu'une saturation, un vide saturé de vide. 

 

Et puis j'ai aussi découvert grâce à elle la poésie de Beckett, qui est soutenue par la même question : comment écrire après "tout ça"? 

Et récemment, je lisais une nouvelle de Zweig, Le Bouquiniste Mendel, et en intro, il y avait sa lettre posthume, écrite juste avant de se suicider avec sa femme. En voilà un extrait :

 

 

"Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même."

 

Et en ce moment je lis L'Elimination, un livre de Rithy Panh, rescapé du génocide Khmer rouge. Le bouquin est fait de ses souvenirs de l'époque, d'un entretien qu'il a eu avec Duch - sorte de Eichmann khmer -, et de ses réflexions présentes. 

 

"Moi : Monsieur Duch, qui adhère le mieux au marxisme?

Duch : Les illettrés.

Ceux qui ne lisent pas adhèrent "le mieux" au marxisme. Ils sont le peuple en armes. J'ajoute : ils obéissent.

Ceux qui lisent ont un accès aux mots, à l'histoire, à l'histoire des mots. Ils savent que le langage façonne, flatte, dissimule, vous tient. Celui qui lit lit dans le langage même : il perçoit la fausseté ; la cruauté ; la trahison. Il sait qu'un slogan est un slogan. Et il en a vu d'autres."

 

"Les khmers rouges forment le mot kamtech, que je demande à Duch de définir - il l'a écrit des milliers de fois ; et il l'utilise, aujourd'hui encore. Duch est clair : kamtech, c'est détruire puis effacer toute trace. Réduire en poussière. Le tribunal le traduit par "écraser", ce qui est évidemment très différent... La langue de tuerie est dans ce mot. Qu'il ne reste rien de la vie, et rien de la mort. Que la mort elle-même soit effacée."

 Et pour finir sur quelque chose de plus général, une petite citation de Karl Kraus : "Je ne maîtrise pas la langue, mais la langue me maîtrise complètement... J'entretiens avec elle une liaison qui me fait concevoir des pensées et elle peut faire de moi ce qu'elle veut. La langue est une maîtresse des pensées."

Voilà, ça me fait réflexionner quoi

 

bisou

 

lulu

13 juin 2013

Comme un jeudi

Bon, ca fait des lustres que je me dis que je devrais écrire ce putain d'article avec le compte rendu de ce que j'ai appris en Suisse.
Mais en fait ça me gonfle, globalement.

Du coup, tel Hamlet que je ne cite qu'en hommage à Marion Ferry qui un jour nous appris ce si beau mot, je m'en vais procrastiner, remettre à plus tard, abandonner l'idée...
MAIS pour soulager ma conscience un petit partage de mes réflexions présentes, parce je reflexionne pas mal en ce moment et après avoir infligé 2 pages de blabla épistolaire à un malheureux ami qui me demandais gentillemment comment j'allais je me suis rappelée qu'on avait un peu créé pétru pour ca…hihi.

Je m'interroge pas mal sur le rôle du metteur en scène en ce moment...J'ai eu l'autre jour une espèce de révélation catégorique à la con, mais qui depuis me reste imprimée dans l'esprit : l'importance du metteur en scène, bien plus que d'apporter une esthétique, une idée, et éventuellement prendre en charge quelques petits boulots par-ci par-là (direction d'acteur, tout ca) est qu'il prend sur son dos la RESPONSABILITE du spectacle. Laissant par là l'acteur libre de créer.
Evidemment cette idée (sans doutes pas nouvelle par ailleurs) est très liée au mode de création que j'expérimente avec le Continuo. Mon impression personnelle est qu'ici l'acteur (le « performeur » serait plus juste) ne sais pas vraiment quel est le spectacle dans lequel il joue, et ce jusqu'au début des représentations, ou plutôt jusqu'à la rencontre avec le public (pendant mais surtout après la représentation). Et ce qui rend la situation tenable (bien qu'un peu stressante au début) est la confiance aveugle qui DOIT être donnée au metteur en scène, Pavel. Ce qui permet d'une certaine manière d'être dans l'état d'esprit suivant : « je ne sais pas ce que je fais mais ce n'est pas mon problème ». Et, dans mon cas mais visiblement aussi dans le cas des gens avec qui on a bossé cette année, c'est un état créatif. Peut être dû au fait qu'en l'absence totale de chance de se projeter dans une idée globale du spectacle (je parle maintenant surtout du processus de création) une présence dans l'instant est absolument nécessaire. Il n'y a pas vraiment le choix finalement. 

Le « paradoxe » (qui n'en est peut être pas un) de l'organisation du Continuo est qu'elle allie dans le processus de création une importance énorme donnée au collectif avec cette ultra-individualisation de Pavel. Les idées de chacun sont sollicitées, discutées, essayées ou non, l'espace de proposition est quasi-illimité. Mais Pavel est l'unique personne a posséder vraiment l'idée, l'essence, le je-ne-sais quoi, du spectacle. La responsabilité donc. Et il ne la partage pas (je pense qu'il ne le veut pas mais surtout ne le peux pas). Les choix qu'il fait, bien que tirés souvent de NOS idées nous restent donc impénétrables. Ce qui nous permet probablement de faire des propositions complètements différentes (ou pas) le jour d'après, puisque nous n'avons pas d'idée claire sur laquelle nous fixer. Et d'enrichir par cela son champs d'action. 

 

Un acteur créatif serait donc un acteur irresponsable.  

 

C'est bien beau mais d'une certaine manière ça va un peu à l'encontre de toute mon "idéologie politique" du théâtre. Certes je veux considérer l'acte théâtral comme un acte politique quoi qu'il en soit (pour citer Vinav lors d'une rencontre à Arts en Scène : l"''incroyable ce ne sont pas les 10 qui parlent mais les 300 qui se taisent", à partir de la difficile d'y échapper, au politique). Mais la question est maintenant que faire de cette portée politique.? Que faire passer? et comment? Dans ma recherche ce qui m'a semblé le plus important est justement le processus de création. J'ai tendance à penser que dans chaque spectacle et visible (ou plutôt sensible) le processus de création. Et que celui-ci peut être justement le bon vecteur pour faire passer une idée (la poésie ouvre les portes de la sensibilité, l'idée politique s'y engouffre). D'où mon attirance pour les processus de recherche collectif, démocratiques, RESPONSABLES. Pour faire passer une idée de la vie collective, démocratique, RESPONSABLE. 

 

Sauf que d'un point de vue artistique j'ai maintenant plus tendance à croire à celui du metteur en scène-dieu…Alors je suis toute contusionnée.

 

Voilà c'est tout, ca ne va nul part mais bon.

 

Pour parler d'autre chose aujourd'hui j'ai fait ma première série de 3 flips toute seule comme une grande :) Je suis conteeeeeeeeeeeeeeente

 

En illustration un exemple de ma passion nouvelle pour les vieux dont je parlais à lulu on skype la dernière fois. (oui bon, j'ai pas grand chose à faire les dimanches)

IMG_1296

 

Mb

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3 juin 2013

On pourrait s amuser a faire la meme chose avec

On pourrait s amuser a faire la meme chose avec les poils d Anooradha

 

http://raseunhippie.com/

 

sinon ici il pleut beaucoup.

13 mai 2013

Olivier Py a dit : "Je suis une tapette papiste". Pour ce bon mot, un petit hommage

LA TRAGEDIENNE : Hier, j'ai acheté un gigot d'agneau, il me manquait 3 sous. J'ai dit au boucher : "Je vous paierai demain". Je lui ai dit : "Je vous donne ma parole". Il m'a dit : "une parole, ça ne vaut rien". J'ai dit : "Ma vie entière est une vie de parole. Quand je donne ma parole, je donne tout ce que j'ai". Il m'a dit : "des mots". Des mots? Sommes-nous autre chose que des mots? Honorer des mots, voilà de quoi est faite notre vie. "Les mots font la guerre", qu'il me dit.

J'ai su alors qu'enfermée dans mes rideaux, je n'ai pas vu l'outrage aux mots que tant d'hommes dans ce siècle avaient promulgué.

Au point que les gens simples n'osent plus s'agenouiller devant certains.

Miséricorde, poème, charité, démocratie... Tout cela fait rire. Les jeunes gens n'osent plus toucher ces mots anciens ; ils sont dans un musée du verbe. Dans une cage de verre. Le cartel dit : "Mot désuet, qui ne s'emploie plus qu'avec des guillemets". Ah, ces guillemets! Ces guillements privent la jeunesse de toute dignité. 

Et moi, je veux dire... Je vais dire une grand parole... Je dis : "Il y a de la parole dans la parole."

 

L'Apocalypse Joyeuse

 

lu

17 avril 2013

Et vive Genet (en plus sa rime avec PD)

Bon en ces temps difficiles, où il devient particulièrement génant de se regarder dans un miroir quand on est un français... Je voulais vous faire part d'un jolie petit poème que j'ai étudié en cours et qui colle parfaitement à l'actualité... poème qui choquait en 1942 où l'homosexualité est encore punni par la loi mais qui je suis sur erisserait les faux cheveux de Frigide Bardot...

Bon trêve de blabla et laissons parler Genet :

 

J'ai tué pour les yeux bleus d'un bel indifférent
Qui jamais ne comprit mon amour contenue,
Dans sa gondole noire une amante inconnue,
Belle comme un navire et morte en m'adorant.

Toi quand tu seras prêt, en arme pour le crime,
Masqué de cruauté, casqué de cheveux blonds,
Sur la cadence folle et brève des violons
Egorge une rentière en amour pour ta frime.

Apparaîtra sur terre un chevalier de fer
Impassible et cruel, visible malgré l'heure
Dans le geste imprécis d'une vieille qui pleure.
Ne tremble pas surtout devant son regard clair.

Cette apparition vient du ciel redoutable
Des crimes de l'amour. Enfant des profondeurs
Il naîtra de son corps d'étonnantes splendeurs,
Du foutre parfumé de sa queue adorable.

Rocher de granit noir sur le tapis de laine,
Une main sur sa hanche, écoute-le marcher.
Marche vers le soleil de son corps sans péché,
Et t'allonge tranquille au bord de sa fontaine.

Chaque fête du sang délègue un beau garçon
Pour soutenir l'enfant dans sa première épreuve.
Apaise ta frayeur et ton angoisse neuve.
Suce mon membre dur comme on suce un glaçon.

Mordille tendrement le paf qui bat ta joue,
Baise ma queue enflée, enfonce dans ton cou
Le paquet de ma bite avalé d'un seul coup.
Etrangle-toi d'amour, dégorge, et fais ta moue!

Adore à deux genoux, comme un poteau sacré,
Mon torse tatoué, adore jusqu'aux larmes
Mon sexe qui se rompt, te frappe mieux qu'une arme,
Adore mon bâton qui va te pénétrer.

Il bondit sur tes yeux; il enfile ton âme,
Penche un peu la tête et le vois se dresser.
L'apercevant si noble et si propre au baiser
Tu t'inclines très bas en lui disant:"Madame!"

Madame écoutez-moi! Madame on meurt ici!
Le manoir est hanté! La prison vole et tremble!
Au secours nous bougeons! Emportez-nous ensemble,
Dans votre chambre au ciel, Dame de la merci!

Appelez le soleil, qu'il vienne et me console.
Etranglez tous ces coqs! Endormez le bourreau!
Le jour sourit mauvais derrière mon carreau.
La prison pour mourir est une fade école.

j'espère donc que ces quatrains d'alexandrins vous auront fait voir la puissance subversive de ce petit Jeannot, si vous voulez plus de détails je peux vous faire un petit résumé de mon expo, mais là j'ai pas trop le temps et une tonne de boulot mais je vous aime quand même !

1 avril 2013

un jour pas comme les autres

Mbalou,

cela fait maintenant quelques années que nous parcourons le chemin de l'amitié ensembles. Je pense qu'il est important de marquer le coup, nous nous reverrons dans peu de temps mais en attendant partageons ce LOVE.

http://nsm01.casimages.com/img/2009/07/02//090702122515133813993666.jpg

http://i39.servimg.com/u/f39/12/69/18/24/omnh-115.jpg

31 mars 2013

Et vive la RUSSIE

Bon c'est vrai que les chants russes sont très à la mode en ce moment... dans ces temps de crises et de froid hivernale, de chants patriotiques tirés du fin fond du continent Russe et anciennement communiste me font tout chaud au coeur... alors je vais vous faire un petit COMBO GAGNANT ! hihihi

D'abord on va commencer par un passage d'Alexandre Nevsku de Prokofiev (que je chante dans la choral de la Sorbonne avec Nicolas... j'entends déjà vos rires... mais sérieusement c'est super dur et j'ai trop envi d'avoir une voix de basse plutot que me trouver chez nunuchland avec les altos m'enfin chez les sopranos c'est pire, puis elles ont une voix trop aigue, c'est insuportable) bref voilà un premier extrait :

https://www.youtube.com/watch?v=5F6e9mI1bGU&list=PL4FF4A59840E21BB0

Ensuite vue que la partition en fond va surement vous ennuyer, je vais vous mettre un petit passage du film Alexandre Nevsky avec la battle on the ice, à ce qui parait passage ultra-célèbre-du-cinéma-qu'il-faut-absolument-connaire, ce qui n'était pas mon cas jusqu'à il y a une semaine... enfin ce qui est rigolo c'est qu'à cette époque là il y avait vraiment plus de 10 000 figurants à cheval et en armures, les pauvres ! (mais j'avoue que j'aime beaucoup les casques des allemands, et j'hesite à m'en faire un et me promener comme sa pour foncer dans les gens qui m'énervent !) bref, je vous laisse voir ça !

https://www.youtube.com/watch?v=pXr0m7SaGvs

et enfin pour vous faire un peu rigolo et vous rappelez les après midi / soirées chez MB d'amour que j'aime à la folie à regarder les dessisn animés disney, sisi impératrice et autres bétises en tout genre...

https://www.youtube.com/watch?v=mlmugGSq4SE (la qualité est pourrie mais bon c'est la seule avec les images !)

Voilà mes petits chats, j'espère qu'on va etre TOUS ENSEMBLE très bientôt ! je vous embrasse bien fort et NASDROVIA !

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Petruskayart
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